Cornelius Doctor, voilà un nom original qui semble être en lien avec Le Mystérieux Docteur Cornélius de Gustave Le Rouge. Peut-on savoir pourquoi tu as opté pour ce nom comme nom de scène ?
Ce nom vient d’une rencontre inopinée avec une valise perdue dans le métro dont la propriétaire s’appelait Cornelius Doctor, je m'étais dit que ça ferait un bon nom de scène. Rien à voir avec le feuilleton ou les X-men ! J’ai retrouvé un certain Cornelius Doctor sur facebook, ça doit peut être être lui ! Et puis ça collait bien avec le nom du label, un ensemble un peu chelou qui donne matière à s’interroger.
Dans un reportage d’ARTE, on te voit partir à la chasse aux sons urbains. Est-ce que tu pratiques toujours ces enregistrements ?
Cela m’arrive assez peu dans ma ville à Lyon en réalité, cependant cela m’arrive de partir sur des gigs à l’étranger avec un recorder au cas ou je me fasse surprendre par des ambiances de rues ou des rencontres avec des musiciens, comme j’ai pu le faire en Jordanie lors d’un festival à Wadi Rum. J’en avais ramené un super enregistrement d’un concert bédouin au coin du feu sous la tente un soir.
Comment ces sons, dits acousmatiques, se reflètent-ils dans tes productions ?
On les retrouve principalement sous forme de fragments, de micro sample ou de bruits d’ambiance. Il sont matière plutôt que mélodie, mais restent déterminants dans l’ambiance finale du morceau dans lesquels ils prennent part.
Tu gères le label Hard Fist ensemble avec Tushen Raï. Peux-tu nous en dire plus quant à l’origine du nom de votre label ainsi qu’un mot sur le label lui-même ?
Le nom du label Hard Fist est un dérivé d’un précédent projet nommé Art Feast, avec lequel nous organisions des soirées et qui fût un temps un label de house music, Art Feast Records. Cependant le nom Hard Fist évoquant la lutte et la revendication s’est fait un chemin et une histoire propre et représente assez bien l’état d’esprit dans lequel nous créons et diffusons notre musique, de façon indépendante et affirmée.
Comment voyez vous l’évolution du label ? Est-ce que vous voudriez nous livrer un aperçu de l’intérieur de vos murs en images ?
Il est assez difficile de parler de mur avec Hard Fist tant le label est itinérant et collaboratif. Ce sont au-delà de Tushen Raï et moi-même des dizaines de collaborateurs et d’artistes internationaux de tout continent et toute culture qui ont contribué à faire du label ce qu’il est aujourd’hui, au-delà de toute vision politique ou sociale. C’est un lieu d’expression artistique libre qui fait honneur à la culture et au patrimoine que chacun souhaite révéler et transmettre à sa façon, et qui donne l’opportunité de parler de soi-même et de son histoire à travers les émotions retranscrites dans un morceau.
La signature sonore du label continuera à se faire au gré du temps et des envies, mais il gardera toujours cette ADN, qui en fait finalement le socle de son évolution au-delà des modes et des styles.
Le mois de septembre avait l’air chaud au club lyonnais Le Sucre à en croire l’affiche sur laquelle tu figures ! Comment décrirais-tu la scène électronique lyonnaise ?
Les médias ont essayé fut un temps de parler d’une scène lyonnaise, mais c’est avant tout un fourmillement protéiforme d’artistes et de génération qui font que la ville fourmille d’activité, et qui gravitent autour de lieux culturels qui défendent chacun leur vision de la musique et de la fête.
Pour notre part nous avons de bonnes affinités avec certains d’entre eux, comme nous découvrons tous les jours de nouveaux artistes qui nous surprennent. Disons, que Lyon est plus un vivier créatif qu’une scène en soi.
Si nous venions demain à Lyon, tu nous conseillerais quelles activités avant d’embarquer pour une nuit au Sucre ?
Difficile question tant elle est subjective, mais je conseillerai une longue déambulation à travers la ville pour s’imprégner de l’ambiance de ses quartiers. La ville n’est pas si grande et on y passe d’un monde à un autre en quelques rues, en marchant de la Guillotière à Croix Rousse.
Pour les activités, je pense qu’en flânant dans les pentes de la Croix-Rousse, vous pourrez tomber sur suffisamment de librairies, disquaires, galeries, restaurants et bars pour vous occuper une bonne journée.
Sur ta page Instagram tu apparais comme résident sur la radio Mutant Radio qui se trouve à Tbilissi en Géorgie. Comment as-tu réussi à décrocher ce titre ?
Nous nous sommes avec Tushen Raï simplement autoproclamés résidents, mais à juste titre il me semble, avec une émission bi-mensuelle nommée « Nobody Is Perfect » !
On t’a tout récemment vu apparaître sur l’affiche du Kiosk Radio, une station belge bien de chez nous. Peux-tu nous partager une anecdote qui t’a amené à te produire sur le sol belge ?
J’ai eu la chance de venir plusieurs fois jouer en Belgique, à Bruxelles, Liège et au festival La Nature. On va pas se cacher, j’adore venir en Belgique, comme beaucoup de Français, on y trouve une authenticité qui fait chaud ! J’en garde d'excellents souvenirs à chaque fois, bordés de précieuses rencontres.
Pour l’anecdote, nous avions été invité à jouer pour une soirée caritative des Boudins du Cœur au C12 et on avait complètement halluciné de jouer dans une station de métro !
Tu as eu l’honneur d'ouvrir le bal d’Urban Spree à Berlin. Quel plaisir cela a dû être ! Y a-t-il quelque chose de particulier que tu voudrais mettre en avant par rapport à la scène berlinoise ?
Pour y avoir habité quelques années, j’ai eu la chance de côtoyer la scène Berlinoise de façon proche dans les années 2010 et y ai fait de nombreuses rencontres incroyables. J’ai depuis un peu décroché mais j’ai naturellement beaucoup de mes amis producteurs et dj qui y habite encore, donc je m’y sens encore un peu à la maison quand j’y retourne. Cette ville à clairement été pour moi à l’époque une influence énorme que ce soit musicalement qu’à travers leur approche du club. Bien que ce soit moins le cas aujourd’hui, cette ville fait partie de moi et de mon parcours et il y aura toujours quelque chose de Berlin qui transpirera dans ma musique.
En juillet dernier, on te voit aux platines sur le fameux Futur Festival de Turin, quel moment cela a dû être ! Comme tu as l’air de tourner un peu partout, pourrais-tu nous en dire plus sur tes prochains projets à l’international ?
On devrait nous croiser très bientôt à Milan, Paris, ou Vilnius !
Et enfin, que fais-tu quand tu ne fais pas de musique ?
On peut très souvent me croiser dans mon bar à Lyon qui s’appelle La Madone, ou les runnings au pied en train de préparer mon prochain marathon !